Intelligence artificielle : aller plus loin en maîtrisant son adoption avec le numérique responsable et son label

Illustration : mine de cuivre et d’or de Grasberg (Nouvelle-Guinée, Indonésie) (crédits photo @Joster69)

Illustration : mine de cuivre et d’or de Grasberg (Nouvelle-Guinée, Indonésie) (crédits photo @Joster69)

Point de situation IA #2 du 04/06/2024

« L’intelligence artificielle consomme de plus en plus d’énergie ! »

C’est l’arbre qui cache la forêt des impacts économiques, sociaux, environnementaux et managériaux de l’IA et du numérique en général comme :

  • L’épuisement des ressources abiotiques (principalement métaux rares) nécessaires aux équipements (principalement terminaux utilisateurs, ordinateurs, écrans, téléphones…) est l’impact environnemental principal du numérique avant celui des gaz à effets de serre selon une approche d’analyse en cycle de vie menée par la Commission Européenne. Par ailleurs, le numérique représente entre 2 et 4% de l’empreinte carbone française et 10% de la consommation électrique selon l’ARCEP (autorité qui régule les notamment réseaux de télécommunication).
    Les nouveaux processeurs conçus pour avoir recours aux modèles d’IA les plus performants sur nos ordinateurs et téléphones conduiront à une nouvelle vague d’obsolescence des précédents ;
  • La pollution et les risques sanitaires générés par les déchets électroniques (7,3kg en moyenne par habitant en 2019, dont 65% sont exportés illégalement – Global E-waste Monitor 2020, Nation Unies) ;
  • L’exclusion sociale des personnes en situation d’illectronisme (15% dans le monde selon le Ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités – autant de citoyens / clients perdus pour la plupart des services numériques et privés non compatibles) ;
  • Le recours massif au travail ne respectant pas les droits humains fondamentaux dans les mines, les usines, le traitement des déchets mais aussi l’annotation des jeux de données utilisés pour l’entraînement de l’IA ;
  • Dans une moindre mesure, ce rythme effréné et non maîtrisé d’adoption de ces outils (j’insiste sur le terme « outil ») est aussi un coût conséquent en accompagnement au changement, formation, veille, expérimentations des évolutions du numérique pour de nombreux managers.

Fort heureusement, il existe des démarches qui permettent une prise en main responsable du numérique dans son organisation : maîtriser ses coûts et impacts, reporter la réduction des impacts auprès de ses financeurs, améliorer son image et sa compétitivité pour les marchés publics comme pour les appels d’offre intégrant des critères environnementaux et sociaux, anticiper les évolutions réglementaires … Pas de baguette magique mais de l’expertise et du travail : bienvenue dans le monde du numérique responsable.

Plus d’une centaine d’entreprises, start-ups, collectivités territoriales sont labellisées et ont par conséquent mis en place une démarche de numérique responsable pour répondre à ces enjeux. Vous trouverez ci-après quelques exemples de ce que ces organisations mettent en place.

Elles prolongent la durée de vie de leur matériel informatique par la mise en place ou l’évolution de différents processus d’inventaire, de sensibilisation des utilisateurs et de paramétrage des équipements. C’est à la fois une source de réduction des impacts environnementaux et des coûts financiers.

Elles mettent en place une politique d’achats responsables en intégrant de nouveaux critères de choix dans leurs services et les éventuels appels d’offre, en comparant par exemple les PUE et WUE (indiquant l’efficacité d’utilisation de l’énergie et de l’eau) des centres où ils stockent leurs données, en privilégiant les bonnes pratiques des fournisseurs innovants (reconditionnement, modularité du Fairphone par exemple) ou encore en privilégiant les fournisseurs de l’économie sociale et solidaire (dans laquelle notre entreprise de services s’inscrit pleinement !).

Les organisations qui conçoivent et développent du logiciel adoptent des pratiques d’éco-conception de leurs services numériques (voir par exemple le guide d’éco-conception des Designers Ethiques).

Toutes ces organisations contrôlent leur gestion du numérique par une approche en cycle de vie, des mesures et la production d’indicateurs de suivi de leurs activités numériques et leurs impacts. Notons que ce travail peut avoir de nombreux effets de bord positifs pour l’ensemble des activités de l’organisation et produit des éléments directement utilisables pour le reporting et la communication mais aussi à la Responsabilité Sociétale des Organisations (RSE pour les entreprises). Finalement, ces éléments contribuent également au reporting pour une partie de la mise en conformité d’une réglementation du numérique qui prolifère à toutes les échelles (gestion des déchets électroniques, CSRD, AI Act, loi pour la réduction de l’empreinte environnementale du numérique (REEN), RGPD …).

Elles impliquent l’ensemble de leurs parties prenantes et mènent une réflexion qui va plus loin que les enjeux internes des systèmes d’informations, achats et communication. Les échanges avec les fournisseurs mais aussi les partenaires institutionnels (parfois soutiens financiers) ou encore les représentants du personnel peuvent beaucoup apporter à la démarche. En phase avec cette démarche collective, l’élaboration d’une stratégie numérique responsable intégrée à la stratégie et à la gouvernance de l’organisation est également de rigueur pour permettre l’ensemble des actions précédentes d’être actionnées.

Ces organisations mettent également en place de multiples actions qu’il m’est impossible de lister de manière exhaustive mais qui touchent à tous les aspects du numérique : formations, conception de services numériques directement contributeurs au développement durable, mécénat auprès de publics jeunes, travaux essentiels sur l’accessibilité des équipements et services, écogestes, temps de partage, etc.

« Le métavers est virtuel, mais son impact sera réel »

Meta (Facebook) ne croyait pas si bien dire.

Et c’est peut-être son seul point commun avec le numérique responsable. Le numérique responsable a quant à lui la vertu de ramener les grands discours autour du numérique à son incarnation physique, réelle, métallique même, mais aussi sociale, managériale, organisationnelle et surtout souhaitable et bénéfique à toutes les parties prenantes de nos organisations. Il a également la vertu de casser la distance avec la production et le devenir de notre matériel tout en proposant un panel de mesures simples et efficaces à mettre en place pour obtenir des résultats. En bonus, cette démarche peut être soutenue par des financements publics (ADEME) et des experts (comme nous et toute la large communauté « numérique responsable »).

Mais avant d’échanger sur le sujet, je vous propose de passer à l’action tout de suite : quel est l’EcoIndex de la page d’accueil du site web de votre organisation et qu’allez-vous mettre en place pour l’améliorer ? En 2 clics, testez le grâce à www.ecoindex.fr et commentez cette publication avec votre résultat !

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